Pour la Saint Baratin, des preuves d'amour à la communauté universitaire ?

Publié le par Collectif Ecoles Ouest Lyonnais

Il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour et des preuves à la communauté universitaire, nous en donnons tous les jours.  Valérie Pécresse (Assemblée nationale, 10.02.09)



http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2506

Mme Pecresse termine son discours du 10/02/2009 à l’assemblée nationale par « Il n’y a pas d’amour sans preuve d’amour et des preuves à la communauté universitaire, nous [les membres du parti au pouvoir] en donnons tous les jours » (je paraphrase de mémoire), nous invitant évidement à conclure qu’ils [les membres du parti au pouvoir] aiment la communauté universitaire. Analysons ce syllogisme : Madame la Ministre nous propose l’affirmation « pas de preuve d’amour implique pas d’amour » (ou de manière équivalente, « amour implique preuve d’amour »). Puis elle explique « nous donnons des preuves d’amour ». Il est maintenant clair que notre conclusion était trop hâtive : en effet, nous sommes face à un raisonnement du type « toutes les lanternes sont belles et une vessie c’est beau, donc toutes les vessies sont des lanternes ». Je propose à Madame la Ministre une autre démonstration qui pourrait aider à éclairer son discours qui semble si mal compris. Un enseignant chercheur efficace sera bien évalué. De plus, si nous concentrons les moyens sur les enseignants chercheurs efficaces, la France sera plus productive. Ainsi, améliorer la productivité de la France passe par la concentration des moyens sur les enseignants chercheurs bien évalués. Evidement, la fausseté de ce syllogisme ne démontre pas son contraire.   Alexandre Goldsztejn




http://www.lepost.fr/article/2009/02/13/1423410_preuves-d-amour.html

22 janvier 2009
Devant un parterre d'universitaires, de scientifiques et de chefs d'entreprise, Nicolas
Sarkozy y avait dressé un tableau sombre : celui d'une recherche française aux "résultats médiocres", au système "infantilisant et paralysant", où les organismes "diluent les moyens, les responsabilités, (...) et gaspillent temps et argent". Le Président a également des mots durs pour l'évaluation des chercheurs par leurs pairs, qu'il juge trop "confortable" : "Nulle part dans les grands pays, sauf chez nous, on n'observe que des organismes de recherche sont à la fois acteurs et évaluateurs de leur propre action. Je vois que cela peut être confortable. Je pourrais en tirer quelques conclusions pour moi-même. C'est un système assez génial d'ailleurs, celui qui agit est en même temps celui qui s'évalue. Cela peut provoquer un certain confort, un confort illusoire du moment parce que l'on voit bien les limites de l'exercice."                       
Extrait d'Arrêt sur Images

 

Université: les fainéants et les mauvais chercheurs, au travail !
Réponse de
Pierre Jourde* (Écrivain et Professeur des Universités, Grenoble III) Extraits

Une poignée de mandarins nantis qui ne fichent rien de leurs journées et refusent d'être évalués sur leur travail, manifestent contre la réforme Pécresse pour défendre des privilèges corporatistes et une conception rétrograde de l'université. Au travail, fainéants !

L'ignorance et les préjugés sont tels que c'est à peu près l'image que certains journalistes donnent du mouvement des chercheurs, des universitaires et des étudiants qui se développe dans toute la France.
Au Monde, Catherine Rollot se contente de faire du décalque de la  communication ministérielle, en toute méconnaissance de cause. Le lundi 9 février, Sylvie Pierre-Brossolette, sur l'antenne de France Info, défendait l'idée brillante selon laquelle, comme un chercheur ne produit plus grand-chose d'intéressant après quarante ans («c'est génétique»!), on pourrait lui coller beaucoup plus d'heures d'enseignement, histoire qu'il se rende utile.
Il aurait fallu mettre Pasteur un peu plus souvent devant les étudiants, ça lui aurait évité de nous casser les pieds, à 63 ans, avec sa découverte du virus de la rage. Planck, les quantas à 41 ans, un peu juste, mon garçon! Darwin a publié L'Evolution des espèces à 50 ans, et Foucault La Volonté de savoir au même âge. Ce sont des livres génétiquement nuls. Au charbon, papy Einstein!
Mais que Sylvie Pierre-Brossolette se rassure: le déluge de réformes et de tâches administratives est tel que son vœu est déjà presque réalisé. On fait tout ce qu'il faut pour étouffer la recherche. Les chercheurs et les enseignants-chercheurs passent plus de temps dans la paperasse que dans la recherche et l'enseignement. La réforme Pécresse ne fera qu'accroître cela.

On enrage de cette ignorance persistante que l'on entretient sciemment, dans le public, sur ce que sont réellement la vie et le travail d'un universitaire. Rien de plus facile que de dénoncer les intellectuels comme des privilégiés et de les livrer à la vindicte des braves travailleurs, indignés qu'on puisse n'enseigner que 7 heures par semaine. Finissons-en avec ce ramassis de légendes populistes. Un pays qui méprise et maltraite à ce point ses intellectuels est mal parti.
La réforme Pécresse est fondée là-dessus: il y a des universitaires qui ne travaillent pas assez, il faut trouver le moyen de les rendre plus performants, par exemple en augmentant leurs heures d'enseignement s'ils ne publient pas assez. Il est temps de mettre les choses au point, l'entassement de stupidités finit par ne plus être tolérable.

En fait, un universitaire exerce trois métiers, enseignant, administrateur et chercheur. Donnons une idée rapide de la variété de ses tâches: cours. Préparation des cours. Examens. Correction des copies (par centaines). Direction de mémoires ou de thèses. Rapports. Soutenances. Jurys d'examens.
Réception et suivi des étudiants. Elaboration des maquettes d'enseignement. Cooptation et évaluation des collègues (dossiers, rapports, réunions). Direction d'année, de département, d'UFR le cas échéant. Réunions de toutes ces instances...  Et puis, la recherche.


Là, c'est virtuellement infini : lectures innombrables, rédaction d'articles, de livres, de comptes rendus, direction de revues, de collections, conférences, colloques en France et à l'étranger. Quelle bande de fainéants, en effet.

Nicolas Sarkozy, dans son discours du 22 janvier, parle de recherche médiocre» en France. Elle est tellement médiocre que les publications scientifiques françaises sont classées au 5e rang mondial, alors que la France se situe au 18e rang pour le financement de la recherche.


* Auteur notamment de
La Littérature sans estomac

Publié dans Darcos déchiffré

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